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Le Temps Vs. Les Douleurs

This essay was written as part of a French Cinema subject in early 2010. In it, I wanted to explore the changing depictions of war in French cinema as it came to terms with the terrible events that form part of the French post-colonial and war-time subconscious. Hiroshima Mon Amour deals with French post-WWII collaborationist guilt, while Indigènes focuses on the ongoing mistreatment of the colonial French armed forces that fought in WWII.

Les thèmes de la guerre et du conflit dans Hiroshima Mon Amour et Indigènes.

“Le temps guérit douleurs et querelles” – Pascal
Séparés par cinquante ans, Hiroshima mon amour d’Alain Resnais et Indigènes de Rachid Bouchareb nous semblent, au début, être tout à fait différents dans la façon dont ils traitent les thèmes de la guerre et du conflit. Par exemple, Hiroshima mon amour ne nous présente aucune image de bataille pendant le déroulement de son histoire. En revanche, Indigènes ne présente que des batailles.
Néanmoins, en cherchant un fil commun entre les deux films, il paraît qu’il y en a plusieurs. Focalisés sur les aspects humains d’une guerre, les deux films privilègient une interpellation des conséquences psychologiques causer par des moments traumatisants. Cette dissertation expliquera comment et pourquoi les deux réalisateurs ont choisi d’élargir certains éléments de leurs histoires, leurs personnages et leur cinématographie pour traiter des thèmes de la guerre et du conflit.
En ce qui concerne Hiroshima mon amour, le film se concentre sur l’histoire d’une femme Française, Elle, et un homme Japonais, Lui. Tout au début du film, Resnais focalise un gros plan sur la peau de ces deux amants, couverte par la poussière ou par  les déchets nucléaires, on ne sait pas lequel. Leur peau, si parfaite et diffèrente de celle des rescapés, renforce l’idée que ces deux amants n’ont rien vue d’Hiroshima. Même l’homme japonais n’as pas vraiment vu d’Hiroshima parce qu’il n’y était pas au moment de l’explosion. Leur peau n’était pas contaminée par la bombe atomique. C’est dans ce sens que le film reflète le caractère de la nouvelle société après la guerre. Les travellings révèlent les tubes au néon dans les rues modernes du Japon, témoignant un avancement technologique fondé sur une destruction apocalyptique. Pas d’étoiles: seulement cette luminescence dans le ciel dû aux tubes au néon et aux lampes à vapeur de sodium. En conséquence, leur peau souple et leur société avancée ne correspondent qu’aux déchaînements de la violence; tout ce qui brille n’est pas or. Tout ce qui reste de ces êtres humains perdus dans cette transition entre la guerre et la paix sont des mémoires qui disparaissent comme les larmes pendant la pluie.
Plus tard dans le film, les deux amants se retrouvent au milieu d’une manifestation contre la prolifération des bombes atomiques. Parmi toutes les affiches dénonçant l’usage d’armes nucléaires, on y voit des caméras et des techniciens cinématographiques. Resnais a voulu nous faire constater à quel point les images qui nous sont présentées comme tout à fait réelles auraient pu être inventées.
 En particulier, il nous semble que les films de guerre sont les films les plus travaillés. Renforçant à l’idée qu’on n’a rien vu  à Hiroshima, Resnais nous incite à questionner la représentation de la réalité présentée dans le film.
En même temps, cette scène nous présente une représentation polémique de la femme occidentale, supposée libre grâce au féminisme. En Japon, on trouve la femme occidentale perdue, incapable de se défendre, incapable de se sortir de cette situation bizarre. D’autre part, les femmes orientales se sentent sûres d’elles-mêmes. Enrégimentées, maquillées, elles dansent. Rassurées par leur culture, ces femmes se retrouvent dans leur identité nationale, y trouvant la puissance de rétablir une nation détruite.
Par contre, c’est évident que cette interprétation n’est pas complètement valable quand on constate que c’est grâce à cette situation bizarre qu’Elle commence à guérir de ses blessures psychologiques. Plongée dans une culture aussi étrange que celle du Japon, Elle se retrouve et se définit en se comparant à ce qu’elle n’est pas, y trouvant une sûreté de caractère. Il lui demande: Tu as peur ? ≫. Elle lui répond: Non .
Néanmoins, cette scène existe pour nous présenter toute une gamme de contradictions et impressions à propos de la liberté des femmes, la vraisemblance d’une réalité cinématographique et l’importance de poursuivre et de soutenir une identité culturelle pour qu’elle nous aide aux temps du conflit.
Dans ce contexte, Indigènes nous présente avec la même idée la nécessité d’avoir une identité culturelle au  temps de la guerre. Dans le film, Abdelkader et les autres soldats nord-africains se reconnaissent dans, et se servent de, leur identité arabe, musulmane et Africaine. Suivant le dicton; qui se ressemble, se rassemble, cette identité fonctionne comme un fil qui les unit contre les injustices de la guerre. Par exemple, quand le cuisinier français refuse de servir des tomates aux soldats ouest africains, tous les soldats venant d’Afrique se réunissent contre cette discrimination raciale.
Plus généralement, les deux films traitent de la division entre le conquérant et le conquis, sur les tabous qui existent autour d’une union de ces deux éléments et sur le besoin d’une telle fusion. Vu comme ça, l’amour entre Messaoud et Irène et celui de Lui et Elle symbolisent la nécessité d’accepter une humanité commune. Grâce à leur construction, ces mariages s’opposent à la sauvagerie qui a eu lieu pendant le conflit.
En outre, il faut élargir ce point en déconstruisant l’amour entre Lui et Elle, développé petit à petit par Resnais. Ces deux amants tragiques sont attirés l’un à l’autre par leur chagrin commun face à leurs mémoires personnelles et leurs diables intérieurs. C’est un amour vrai, pur et impossible. Comme un amour tiré de l’histoire de King Arthur, ils s’aiment, mais ils savent tous les deux que leur amour ne durera que quelques jours. Elle dit: ‘Tu me tues, tu me fais du bien’. Le film commence avec les mots ‘Tu n’as rien vue d’Hiroshima. Rien’. Cette séquence nous indique jusqu’à quel point cet homme a été affecté psychologiquement par la bombe atomique sur Hiroshima. Selon lui, Elle ne peut rien comprendre de ce qui s’est passé là. Plus tard, le film se recentre sur Elle, implicitement développant l’idée que ses blessures sont aussi atroces que les siennes. À la fin du film, ils cessent d’être Lui et Elle, et commencent à s’appeler par les noms de leur ville, Nevers et Hiroshima. Ils incarnent maintenant ces événements tragiques.
En même temps, leur amour fonctionne comme une catharsis des tensions et des souffrances causées par la guerre. En discutant avec Lui à propos la perte de ces mémoires, Elle commence a réglé tout les injustices qu’elle a reçue pendant cette période traumatisante. Là, on trouve un des messages de ce film; avec l’aide des autres, le temps guérit toutes les blessures.
Ce qui est intéressant c’est que Indigènes nous présente presque la même idée. Faute d’avoir la moindre récompense ou reconnaissance, le vieux Abdelkader est toujours isolé et opprimé par ses mémoires de guerre. Toutes ses batailles et tous ses efforts ont été faits pour rien. Quant à Abdelkader, il est claire que rien à part le temps ne suffît pas à cicatriser tous les maux de la guerre. C’est pour ça qu’à la fin du film un message nous informe que ces anciens combattants nord-africains n’ont reçu ni récompense ni reconnaissance pour leurs efforts pendant la deuxième guerre mondiale. Leurs blessures continuent à s’élargir.
Par ailleurs, les deux réalisateurs privilègient certains styles très spécifiques pour représenter les messages de ces films. Chaque scène dans Hiroshima mon amour est présenter comme un tableau. La mise en scène et la construction de chaque image renforcent la beauté très travaillée de ce film. Même les séquences, quasiment documentaire, montrent les effets déchirants de la bombe atomique à Hiroshima au début du film, sont aussi belles (si on peut le dire) que les tableaux de la Renaissance Italienne montrant le Christ souffrant. Par exemple, le travelling tout au début du film est composé par plusieurs plans moyens des victimes, couvertes de sang et complètement choquée par ce qui vient de leur arriver. Quand on parle de la bombe atomique, on parle souvent comme Elle: ‘2 milles dégrées sur la place de la paix’. Ce type de montage nous met en face des aspects humains de ces événements inhumains. Plus tard, quand Elle raconte son amour avec le soldat Allemand, Resnais utilise un plan d’ensemble pour renforcer sa solitude et l’aspect clandestin de cet amour interdit. On ne voit jamais le visage de ce jeune homme Allemand, il est toujours distant et par conséquent on comprend pourquoi Elle commence à oublier son visage. Dans Hiroshima mon amour, les plans et les mouvements de caméra sont soigneusement sélectionnés pour évoquer chez les spectateurs les mêmes sentiments que ceux des personnages. Il est difficile de trouver un film plus majestueusement poétique que Hiroshima mon amour.
Quant à Indigènes, Bouchareb se sert d’un caméra qui privilégie un style classique pour ce genre de film. Le camera nous situe à côté des combattants nord-africains aux moments de la bataille, comme dans la scène au début du film quand ils courent sur une colline. Le camera joue un rôle quasiment transparent aux événements du film, presque comme celle d’un film documentaire. On se sent implicitement présent dans leur réalité effrayante. En même temps, Bouchareb situe le général français sur une autre colline, loin du danger. Il est en train d’ordonner à ses sergents d’avancer vers leurs morts. Le panoramique utilisé dans cette composition nous choque, reflétant la distance culturelle et sociale entre les Français de souche et leurs machines de guerre, les nord-africains.
En fin du compte, en cherchant un fil commun entre les deux films, il est évident qu’il y en a plusieurs. Les personnages principaux évoquent une interpellation des effets de la guerre qui nous incite à se poser des questions à propos de nos vies quotidiennes. La perte des mémoires, le manque de reconnaissance, ces thèmes nous touches hors du contexte du conflit présenté par les deux films. Comme indiqué au début, les deux films traitent de la guerre en utilisant des approches très divergentes. Tout de même, ce qui nous reste après avoir vu ces deux films c’est la réalisation que l’impact le plus déchirant des guerres et des conflits repose sur les sorts fragiles des êtres humains.

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